« Il ne s’agit pas de condamner une technique qui permet de produire une énergie renouvelable, mais de lutter contre la démesure en stigmatisant des projets qui détruiraient, s’ils étaient réalisés, par leur hauteur jamais égalée et leur brutalité, les derniers paysages encore inviolés de notre pays »
Franz Weber
Écologiste et journaliste suisse

Situation actuelle

Les autorités cantonales jurassiennes prévoient un parc éolien qui pourrait recenser jusqu’à 19 éoliennes sur les hauteurs de Delémont (communes de Delémont-Bourrignon-Develier-Pleigne).

Ce projet-pilote prévoit l’implantation d’éoliennes de nouvelle génération, hauteur de 200 mètres environ, dans un milieu naturel encore préservé et même en forêt, ce qui nécessiterait un défrichage conséquent.

La fiche 5.06, adoptée par le Parlement cantonal, le 27 novembre 2019, inclut ce projet.

Un plan spécial relatif au projet devra être établi, puis soumis à l’approbation des communes hôtes.

Arguments clés d'opposition

  • La loi sur les forêts qui interdit toute construction en forêt mais qui accepte le défrichage pour les éoliennes et l’injection de milliers de tonnes de béton dans le sol
  • Les zones agricoles sont protégées par LDFR ( loi fédérale sur le droit foncier rural)
  • La biodiversité est en péril, nous nous devons de préserver toutes les espèces 
  • L’apport énergétique est insignifiant en regard de la déprédation du site.

C’est pourquoi nous nous opposons vivement à ce projet et vous invitons à nous rejoindre !

« Les producteurs d’électricité et les puissants lobbies de l’énergie éolienne, subventionnés comme Suisse Eole, sont le moteur de la promotion de l’énergie éolienne. Pourtant le potentiel de l’énergie éolienne est disproportionné par rapport aux dommages qu’elle cause au paysage, à la santé des riverains et à la faune. Il s’agit d’une production industrielle d’électricité en pleine campagne. Contrairement à d’autres sources d’énergies flexibles et efficaces comme l’énergie hydraulique, l’énergie éolienne ne peut pas garantir un approvisionnement énergétique sûr et durable. L’énergie éolienne rencontre une résistance partout dans la population »

Nuisances

Santé humaine

Infrasons, bruit, effets stroboscopiques

Élevage

Champs magnétiques augmentent les courants vagabonds : anxiété, baisse de lait, maladies

Forêt

Destruction de la forêt et de la faune sauvage

Dévaluation immobilière

Peturbations visuelles et sonores impactent le prix du marché

Paysage & Nature

Dénaturation des crêtes, hauts plateaux et destruction des espaces de loisirs

Biodiversité

Disparition des pollinisateurs (chauves-souris) et rapaces

Oppositions

Dans un premier temps, l’association l’Ere du vent a lancé une pétition signée par le 94% de la population de Mettembert, village qui serait fortement impacté. Cette pétition demandait au Gouvernement de revoir la fiche 5.06. Le collectif a fait recours au Tribunal cantonal contre cette fiche, recours qui a été rejeté, le 17 juin 2020. La commune de Haute-Ajoie a également fait recours au Tribunal cantonal puis au Tribunal fédéral, recours rejeté en janvier 2021 par le Tribunal fédéral.

Dans un second temps, lors du dépôt du Plan spécial, le collectif l’Ere du vent se réserve le droit de faire recours.

Plus de 200 mètres de hauteur !

Comparatif des hauteurs

L’époque des petites éoliennes qui s’intègrent dans le paysage est révolue. Désormais, les machines prévues atteignent 210 mètres. Il y a peu d’installations et de constructions qui soient aussi hautes, surtout dans nos campagnes et sur nos crêtes. La construction la plus haute près de chez nous, est l’antenne des Ordons qui culmine à 80m. En Suisse, la cathédrale de Berne atteint 100 m. Et la Tour Roche à Bâle 178 m.

Transition Énergétique

La Suisse dispose des conditions idéales, techniques et financières, pour réussir la transition énergétique. Reste à convaincre la population et les décideurs, concluent deux programmes de recherche du Fonds national suisse (FNS) publiés en janvier 2020. Le “Programme national de recherche Energie”, basé sur les résultats de plus d’une centaine de projets, montre qu’il est possible à l’heure actuelle de sortir du nucléaire et des énergies fossiles dans des conditions acceptables d’ici 2050, a indiqué également le Fonds national suisse (FNS). La Stratégie énergétique 2050 a été acceptée par le peuple il y a 3 ans, mais pour la mettre en oeuvre chacun devra y mettre du sien indiquent toutefois les experts. Si 40% des toits suisses étaient équipés de panneaux photovoltaïques intégrés directement dans le bâtiment, cela remplacerait les deux tiers de la production nucléaire de notre pays, estime par exemple le rapportRTS 14.1.2020

Rentabilité douteuse

« Dans le contexte actuel de prix bas prévalant sur le marché de l’électricité, les projets éoliens ne peuvent pas être exploités de manière rentable en Suisse sans subvention. » Cette conclusion d’un rapport commandé par l’Office Fédéral de l’Energie (l’OFEN) en 20201, confirme ce qui est déjà connu depuis longtemps : les éoliennes suisses sont moins propulsées par le vent que par les subventions de l’Etat. Les chiffres cités dans ce rapport sont explicites : pour convaincre les investisseurs à engager des capitaux suffisants dans les projets prévus sur les emplacements non encore viabilisés du Jura, autrement dit les paysages encore intacts incluant le site de la Haute-Borne, l’Etat devrait non seulement fournir plus de 2/3 des coûts d’investissements de départ mais en plus continuer dans le futur à financer des rétributions par le biais du « système de rétribution de l’injection axé sur les coûts », système qui doit être renouvelé (ou non) en 2022.  

Vent trop faible

Une des raisons à cet engagement à long terme de l’Etat est que le vent est trop faible, en Suisse en général (voir la carte de l’Atlas des vents) et à la Haute-Borne en particulier.

• En Allemagne, pour qu’un parc éolien soit envisageable en termes de rentabilité, la vitesse des vents doit être en moyenne de 6,6m/s 2. En 2008, un rapport étudiant la rentabilité d’installations éoliennes dans les entreprises agricoles suisses concluait qu’en dessous d’une vitesse de 6m/s un parc éolien n’est pas rentable3. Or, les vents sur la totalité de la zone envisagée à la Haute-Borne sont quasiment partout en dessous de cette valeur4. Mauvaises conditions préalables.

• D’autre part, la situation géographique du Plain de la Chaive est telle que les éoliennes prévues (au maximum 8) devraient être installées sur la crête « en file indienne » et dans la direction principale du vent, ce qui baisserait considérablement leur production.

• Pour remarque : un projet semblable à Liesberg, à quelques kilomètres de Delémont, a dernièrement été suspendu par les investisseurs, par manque de rentabilité5.

SOURCES

1. Investitions- und Planungsbeiträge für Windenergieanlagen / Schlussbericht (texte en allemand, synthèse en français)

2. Verein Windstill / Effizienz

3. ART-Bericht, 2008

4. Plan Sectoriel de l’énergie éolienne (PSEOL, page 52)

5. BZ Basel (mai 2018)

6. Coûts et financement des éoliennes (Paysage Libre Suisse)

Eoliennes et Écologie

« La dynamique qu'a prise le développement des éoliennes, le caractère très émotionnel du débat ne s'expliquent pas que par des arguments rationnels liés aux besoins énergétiques. Pour que de nombreuses personnes, parmi lesquelles un certain nombre d'écologistes, se soient fait happer dans les turbulences induites par les pales des éoliennes industrielles, comme le sont les chauves-souris dans leur chasse aux insectes, c'est qu'il doit y avoir quelques valeurs symboliques liées à ce débat. Le débat autour de l'énergie est fortement imprégné d'idéologie. Le combat contre le nucléaire, au-delà des arguments rationnels contre une forme d'énergie dangereuse, polluante à très long terme et très limitée dans le temps, est devenu identitaire pour le mouvement écologiste. La lutte contre le changement climatique s'est également chargée d'idéologie et de symboles. C’est dans ce contexte qu'il faut voir les passions qui entourent le développement de l'énergie éolienne. Clairement écologiste dans ses débuts modestes, celle-ci a aujourd'hui passé à une dimension industrielle pour se faire elle aussi écrasante : hauteur gigantesque des machines, puissances en mégawhatt et chiffres d'affaires en dizaines de millions »
Philippe Roch
ancien directeur du WWF et de l’Office fédéral de l’environnement OFEV